Wiki francophone de l'imaginaire
Advertisement

Philip K. Dick, Chicago (Illinois) 1928 – Santa Ana (Californie) 1982.

Je suis vivant et vous êtes morts[]

Elevé par une mère hygiéniste, animateur de radio puis écrivain méconnu, écrivant romans et nouvelles à la chaîne (de qualité inégale, certes) pour subvenir aux besoins de ses épouses et de ses thérapeutes. Schizoïde, paranoïde, persuadé que le gouvernement des États-Unis espionne les citoyens (il sera le seul à ne pas être surpris par le Watergate), il invente le genre cyberpunk, même si le mot n’apparaîtra que plus tard. Ses anti-héros, traqués par la vie, au centre d’une conspiration cosmique, d’un écheveau d’univers parallèles ou d’un jet de dés taoïste, ne savent plus où donner de la tête ni comment boucler leur fin de mois.

Dick a mis beaucoup de lui-même dans ses romans: ses embarras financiers, le flicage qu'il a subi à partir du maccarthysme, ses démêlés avec sa seconde épouse (deux tentatives de meurtre et un internement en clinique psychiatrique...). Il a eu aussi, comme bien des artistes californiens de la période, ses tentations mystiques: on trouve le Yi King chinois dans "Le Maître du Haut Château", le Livre des Morts tibétain dans "Ubik", la Kabbale dans un autre que je ne vous nommerai pas car il est très mauvais. A la fin de sa vie, il hésitait entre les positions de martyr chrétien et de gourou extra-terrestre, avec toujours une petite voix dans sa tête qui ne le prenait pas trop au sérieux...

Petite sélection, forcément subjective[]

Le Temps désarticulé, 1959. Dans une petite ville ordinaire des années 1950, un ex-météorologue gagne sa vie en remplissant les questionnaires d’un jeu-concours. Mais des indices apparaissent dans sa vie et suggèrent que le monde où il habite n’est pas ce qu’il semble.

Le Maître du Haut Château, 1962, une uchronie où l’Allemagne et le Japon ont gagné la 2e Guerre Mondiale et se partagent le territoire des Etats-Unis. Sait-on qui a vraiment gagné la guerre ?

Les Clans de la Lune Alphane, 1964 : un agent de la CIA, programmeur d’androïdes, court après son ex-épouse sur une lune d’Alpha du Centaure où les malades mentaux ont érigé leur propre modèle social.

En attendant l’année dernière, 1966. Encore une histoire de couple. Un médecin tente de guérir le président des États-Unis, qui collectionne les maladies incurables sous la pression des occupants extra-terrestres. Mais la femme du docteur, ambitieuse et calculatrice, obtient une drogue qui peut changer le cours de l'histoire. Ou faire mourir ceux qui en consomment.

Ubik, 1969. Une explosion se produit sur la Lune. Les victimes sont mises en coma surveillé dans un "Moratorium", où elles peuvent communiquer avec les vivants. Quelque chose vient troubler la communication. Serait-ce Ubik, qui veut dire "Partout"?

Deus Irae, 1976, en collaboration avec Roger Zelazny. Un roman de la dernière période chrétienne de Dick, mais où les interrogations métaphysiques se teintent de pas mal de cynisme. Après la guerre atomique, le vrai Dieu est-il un Dieu destructeur, un "Dieu de colère", et Son incarnation sur Terre est-elle le savant qui a déclenché l’apocalypse ?

Postérité[]

Les Français sont très fiers de Phil K.Dick, parce qu'ils ont compris, avec une longueur d'avance sur les Américains, qu'ils avaient affaire à un géant de la SF.

Dick doit bien rire, dans le continuum spatio-temporel où il est, de voir Hollywood gagner des millions avec sa prose de tâcheron sous-payé:

  • Total Recall
  • Planète hurlante
  • Minority Report

Seul "Blade Runner" (Ridley Scott, 1982) est vraiment à la hauteur du talent barjoïde de Dick. Les deux seconds sont des bons films de divertissement avec une touche d'inquiétude, et le dernier, un banal film d'action où le questionnement existentiel est noyé dans les effets spéciaux.

Patrick Cialf (discussion) novembre 12, 2012 à 21:03 (UTC)

Advertisement